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  • L'innocence, leur unique péché

    Ceci est une œuvre adaptée de faits réels que j'ai voulu la plus crue et la plus réaliste possibles. Avertissement : Peut contenir du contenu à caractère explicite ou violent. Bonne lecture ! « Il venait de faire part à mes parents du jugement définitif de m'envoyer en maison de réhabilitation. Maman s'était effondrée en larmes. Papa essayait de la consoler du mieux qu'il pouvait, tentant lui-même de comprendre la situation et d'accepter le verdict. Qu'est-ce qui n'avait pas marché ? Qu'est-ce qu'ils avaient manqué de voir ou de faire ? J'écoutais avec assez d'impassibilité. Je jouais avec mes doigts, presqu'ailleurs. Je me demandais si mon frère allait bien dans son berceau. J'aimerais bien jouer encore avec lui avant de partir mais ça faisait un moment qu'on m'y avait interdit l'accès. Maman disait que j'avais mal agi envers lui. Je me demandais ce que ça voulait dire. Le psychiatre leur avait dit que j'étais "instable". Du haut de mes 4 années, ce mot semblait comme du sable dans le vent. Pour m'expliquer, il disait que je faisais du mal à mon frère et qu'on devrait m'éloigner de lui. Je ne me rappelle pas avoir pleuré. Je continuais à jouer avec mes doigts. Un jour, maman nous avait laissés jouer dans le jardin, mon frère et moi. ça m'amusait de courir et de le voir faire les quatre pattes à mes trousses. Quelques instants après, elle est arrivée vers moi en courant. Elle m'a arraché le morceau de bois je tenais. Je venais de frapper plusieurs fois mon frère avec. Etrangement, je n'avais réalisé qu'à cet instant que tout le voisinage entendait ses pleurs. Il était couvert d'hématomes aux niveaux du bras et de l'abdomen. Je n'oublierai jamais la peur que je lisais dans ses yeux quand elle m'a regardée. Un autre jour, nous étions dans la cuisine à trois. Ma mère était sortie un instant. Quand elle est revenue, elle a crié. J'avais entaillé le bras de mon frère. Il saignait, je tenais encore le couteau en main et j'ai souri à maman, lui disant innocemment que je jouais avec lui et que je pensais qu'il avait mal. Depuis ce jour, ma mère m'interdisait de me rendre dans la cuisine. Elle avait fermé le tiroir des couteaux à clé, espérant que je n'en touche plus. Mais j'avais caché un dans ma chambre et je me taillais souvent avec. Je ne saurais pas vous expliquer. J'aimais bien la sensation de sang chaud dégoulinant sur ma peau. Le couteau qui pénétrait ma chair me rappelait certaines images dont je ne parlais jamais. Maman avait déplacé le trousseau de mon frère chez elle et a contacté un psychiatre qui m'a posé plein de questions. Il a dit que mes dessins étaient très parlants. Il me demandait d'expliquer le sang que j'avais dessiné et le trait qui rentrait dans ma peau. Je me rappelle que je lui ai dit que c'était papa qui avait fait ça ; pas mon papa mais mon premier papa. Il demandait depuis quand ça avait commencé, je ne m'en rappelais plus exactement. A ce moment-là, je vivais seule avec lui car maman était morte en couche. La première fois, je devais avoir 1 an. Il m'a appelée dans sa chambre. Il m'a demandé : "Tu sais que papa t'aime beaucoup ?". J'ai hoché de la tête. "Les enfants de ton âge ont un petit monstre entre les jambes. Si papa ne le tue pas, il va te manger toute crue !" J'ai eu peur et j'ai commencé à pleurer. Il a dit de me calmer et de lui faire un câlin. Après, il a enlevé mes habits et a commencé à me "toucher" — je ne connaissais pas ce mot à l'époque. A un moment, j'ai ressenti une douleur foudroyante entre les jambes. Je voulais crier mais il m'étouffais la bouche en me disant de ne rien dire à personne. "Papa t'aime fort". Je pleurais, personne n'entendais mes cris étouffés. Il mettait la musique à fond pour les locataires d'à côté ne soupçonnent rien. J'avais peur. Je me demandais si c'était normal ? Ma réflexion n'était pas encore très développée. J'avais mal et je voulais juste que ça s'arrête. ça avait continué ainsi tous les soirs. Je n'en avais jamais parlé à personne. Il ne m'inscrivait pas à l'école non plus, de peur que je ne dévoile son secret. Il me gardait enfermée dans l'appartement. Je pouvais passer deux jours sans nourriture, en son absence. Mais cela me semblait toujours mieux que quand il revenait. La torture reprenait. C'était pire quand il se sniffait. Il invitait même un ami pour "l'assister". Il disait toujours que je ne devais appartenir qu'à lui, que je suis sa "petite" femme et que le jour où je raconterais quoi que ce soit, j'allais mourir. Aujourd'hui, je sais qu'il profitait juste de ma crédulité. J'ai commencé à perdre pied avec la réalité. La douleur quand j'allais aux toilettes, l'incompréhension, le sang sur mes habits, la peur constante, avaient suscité un effroi tellement grand que je ne réfléchissais plus. J'obtempérais sans broncher. Quand il finissait, je sortais de la chambre et je dessinais. Au fond, comment demander à un enfant de juger la seule réalité qu'il connaît ? Comment demander à un Être si innocent et si frêle de discerner les rouages de la cruauté humaine ? Enfant, je pensais qu'en lui désobéissant, il se fâcherait et que si un monstre apparaissait, il n'y aurait plus personne pour me défendre. Je ne voulais pas qu'il m'abandonne. Et puis, s'il disait que c'était normal, c'est que ça devait bien l'être, non ? Je devais accepter que la vie soit aussi douloureuse. Aussi, un enfant ne peut dénoncer ce qu'il ne comprend pas ou ne sait pas encore. Il subit juste, parfois jusqu'à en mourir. ça a duré deux ans au bout desquelles, mon petit frère était né de son union avec une autre femme qui nous rendait parfois visite à la maison. Par la suite, il a été arrêté pour trafic de drogue et nous avons été placés en refuge. Quand on m'a sorti de l'appartement, mon impassibilité ne laissait pas transparaître ma peur. J'étais comme anesthésiée, prête à passer d'un ancien maître à un nouveau. Dans mes souvenirs, j'avais un retard de langage que je comblais en dessinant beaucoup. Je dessinais ce qui se passait dans ma tête. Les encadreuses du refuge ne semblaient pas très surprises par mes croquis ensanglantés. J'ai finalement eu une famille d'accueil chez qui je suis restée avec mon frère jusqu'à lors. Le psychiatre m'a demandé de refaire ces mêmes dessins. Il a expliqué à maman que je dessinais ce que je voyais, qu'eux ne pouvaient pas voir. Il leur a expliqué ce que je lui avais raconté. Il disait que ces évènements ont créé en moi un trouble dissociatif de la personnalité ou quelque chose comme ça. Quand je faisais du mal à mon frère, je n'en étais pas consciente. Il y avait une partie émotionnelle dans mon cerveau qui était éteinte. Aujourd'hui, ça fait 15 ans que je suis sortie de la maison de réhabilitation psychosociale. Trois mois après mon entrée, le psychiatre m'avait demandé si je comprenais maintenant l'ampleur de ce que j'avais fait à mon frère. Pour la première fois depuis des années, j'ai pleuré. J'ai dit qu'ici tout le monde était gentil et que je comprenais maintenant ce que ça voulait dire que de faire du mal aux gens. Que je m'en voulais parce que j'aimais mon frère au fond. 7 mois plus tard, papa et maman m'ont accueillie à la sortie avec mon petite frère. Les années suivantes, j'ai repris peu à peu goût à la vie. C'était bizarre que je pouvais vivre sans avoir peur autour de moi. Les gestes des autres ne provoquaient plus de tremblements en moi. On pourrait penser que ça n'arrive qu'aux femmes mais les hommes sont simplement plus réservés sur la question. Et c'est bien souvent après de nombreux dérives et scandales sexuels qu'on finit par l'apprendre. Combien de mes camarades ne m'ont pas parlé de cette tante ou de cette fille de ménage qui les avaient "initiés" à la sexualité dès 8 ans, 5 ans, 4 ans, etc. ? Disant que c'était nécessaire pour qu'ils deviennent des hommes ? Aujourd'hui, ils vivent avec ce trauma en silence, addicts à la pornographie à laquelle on les a exposés trop tôt. Le pire pour eux, c'est que la société n'est pas prête à s'offusquer devant leurs malheurs. Ce sont des hommes, n'est-ce pas ? Ils devraient s'estimer heureux d'avoir eu de quoi satisfaire leur appétit sexuel assez tôt. Aujourd'hui encore, je me demande ce qui peut pousser un parent à briser l'innocence et la pureté de son enfant. Plus encore, pour toutes ces victimes encore dehors, je crains pour demain. Je me demande si notre société est vraiment préparée à aider tous ces enfants ? Une chose est sure, si ce n'est pas la société qui les aide, ce sera la société qui aura besoin d'aide. » -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 💡 Pour en savoir plus sur notre concept 💁🏽‍♀️ Pour nous contacter ou s'abonner

  • Tu t'es détourné(e) de ton premier amour

    Aujourd'hui, on va faire une étude cas. J'aime bien les études de cas. Elles ont le mérite d'être pratiques, directes et de permettre une assimilation facile des notions. C'est parti 🙂 Cas d'étude Vous êtes mariée à quelqu'un que vous aimez mentalement, physiquement mais...pas sexuellement. Vous n'êtes pas épanouie au lit. Du tout. C'est mort. Vous tentez d'aborder la conversation et vous essuyez un refus catégorique. Il vous dira même que ce sont vos relations passées qui vous ont rendue insatisfaite. Que c'est plutôt vous...qui êtes frigide. Folie, séisme. Vous tombez des nues, vous êtes choquée. Vous pensez à votre dernier ex qui était un pro et que vous avez fait le dur choix de quitter pour celui-là que vous aimiez sincèrement. Mais là, vous le regrettez presque. Lui qui vous a demandé expressément d'attendre jusqu'au mariage, n'est pas prêt à revenir sur sa réponse et quitte la table. Les journées s'enchaînent, ses vols aussi. Entre Miami et Dubaï, vous finissez par parler aux murs de votre prison dorée. Deux mois plus tard, vous en avez marre et vous retrouvez le numéro de l'ex. C'est reparti. Mais au fond vous culpabilisez tellement que vous suppliez votre ex de s'habiller, se parfumer, se comporter comme lui à chaque fois, comme un jeu de rôle. Dans votre esprit, il devait être lui pour que vous vous offriez à lui. Mais un jour, tout capote. Les tests d'ADN révèlent l'attribution mensongère de la paternité des enfants. L'amant est découvert ; c'est chaud. La dispute éclate, les vérités sortent : il est outré par votre dévergondage. Il crie qu'il se tue pour vous au boulot et que vous le remerciez avec un enfant bâtard. Comment réagiriez vous ? L'intérêt de ce cas d'étude Je ne vais pas disserter aujourd'hui sur le lien entre ses relations passées et cette « frigidité », encore moins sur la question de l'abstinence jusqu'au mariage. Loin de vouloir également me positionner en tant que coach relationnel, j'aimerais juste donner mon avis sur le point qui a engendré toute cette tromperie : le manque de satisfaction. Et je crois que c'est un sujet qui nous concerne tous. Que recherche-t-on chez un(e) partenaire finalement ? Bien que nous soyons tous différents, les attentes restent les mêmes. Au fond, on rêve tous de ce (cette) partenaire-là avec qui on n'aura jamais l'impression de s'ennuyer une seconde. On a besoin de ce(te) quelqu'un(e) qui nous comprenne, qui nous surprenne chaque jour avec quelque chose de nouveau ; une saveur exotique au réveil, pourquoi pas ? Un voyage au Rwanda dans deux jours, pourquoi pas ? Un dîner improvisé, pourquoi pas ? Pas nécessairement besoin de grands moyens, la précarité peut même stimuler grandement la créativité. Votre partenaire doit vous compléter parfaitement. Pour moi, la meilleure relation c'est celle qui te fait grandir mais où tu n'as jamais l'impression de devoir grandir. Le partenaire doit choquer, amuser, pousser dans les retranchements pour stimuler l'évolution, tout en étant le premier à réconforter. Le partenaire doit être le dernier à rire avec les autres quand on se moque de vous. Il doit comprendre chez vous ce que même vos amis ne voient jamais. Un partenaire doit être comme la révélation de l'éclat qui manquait à votre vie. Vous devriez vous surprendre à vous demander comment vous avez fait pour vivre sans lui/elle jusqu'à ce jour ? Votre relation doit être piquante, excitante, savoureuse, délicieuse à souhait. On doit sentir que la vie se renouvelle à chaque instant, que chaque seconde est une nouvelle découverte du monde. En fin de compte, chacun désire une relation qui exalte tous ses sens. Et c'est parce que nous y croyons tous en réalité, quoiqu'on puisse affirmer sur l'argent ou la réussite, que lorsqu'on ne l'a pas, on compense à côté, comme cette dame. Que dire de l'étude cas ? Bien que je ne cautionne pas la tromperie, c'est criminel pour moi d'être mariée à quelqu'un qui ne nous satisfait pas et qui ne souhaite faire aucun effort pour. L'amour est avant-tout un don de soi. Contraindre le partenaire à se satisfaire de peu est un trait particulièrement assassin. Car on ne nie pas seulement le désir de l'autre mais on lui retire le droit de vivre une existence épanouie. On tue l'Être avec ses passions, ses désirs, pour garder un Être « végétatif » dont la satisfaction ne devrait découler que de celle de l'autre. Prendre l'enfant de quelqu'un pour l'attacher dans ta maison, qu'elle te nourrisse, nettoie ta maison, repasse tes habits, porte tes 26 enfants et qu'elle ne soit pas épanouie aussi ?? C'est cette impression que la femme doit tuer ses désirs et mourir au nom du foyer qui rend l'idée du mariage de moins en moins charmante auprès de la jeune génération — chose que je déplore grandement. Généralement, on en fait un immense tabou mais le lit, c'est tout le mariage . On ne peut pas espérer que quelqu'un soit épanoui en mariage sans ça. C'est un fait de manquer d'« habileté » mais c'en est un autre de refuser d'aller voir un sexologue ou toute autre entité pouvant aider à régler le problème. Si tel est votre cas, je vous encourage vivement à le faire. C'était mieux pour cet homme d'avoir honte dans les débuts devant une sexologue plutôt que lorsque tout le quartier a appris que ses enfants n'étaient pas les siens. Et dans son attitude, j'avais senti une forme de désengagement complet vis-à-vis du problème. Il se demandait comment la femme avait pu foutre tout leur foyer en l'air pour une histoire de c*l. J'ai ri. Il est malade, je crois. Je dirais que la vie est la chose la plus précieuse et fugace qui existe. Lorsque je regarde des personnages de série vivant une expérience de mort imminente, je regarde toujours intensément leurs yeux, dans l'espoir de voir ce qu'ils voient. A quoi ils pensent ? Qu'est-ce qu'ils regrettent ? je crois qu'on n'apprend pas assez d'eux. Beaucoup vivent sans même penser à cet instant-là où on t'annonce que tu vas mourir dans deux heures. Pire, lorsque tu te vides de ton sang, en train de convulser et que tu te dis intérieurement : « C'est la fin. Il n'y aura pas de seconde chance. » Quand tu ne peux plus bouger, que ta vision devient floue, que ton cœur ralentit et tes poumons se contractent sans que tu puisses faire quoi que ce soit, c'est là que tu réalises que la nature a repris ses droits et qu'au final, vivre était vraiment une grâce qu'on t'accordait. Le mariage parfait que la société adulait pendant que mourais intérieurement ? A l'eau. Cette femme que tu as épousée parce que ta mère l'aimait bien ? Cette copine que tu n'as jamais cessé d'aimer mais que tu as laissé aller se marier avec lui ? Quels visages vont défiler ? Qui tu aurais préféré garder auprès de toi ? Tu te dis que c'est vrai que la vie n'a parfois pas de sens mais qu'en vrai, ta vie aurait pu être meilleure. Savourer la vie Je dis souvent que si certains choisissent de se contenter d'une vie « platonique », c'est eux que ça regarde. Moi j'ai envie d'une vie « carrément tonique ». Et je sais que ce point est mal perçu, surtout venant d'une femme. A première vue, ça donne une image femme frivole, galopant de draps en draps. Alors que non. J'aspire juste à plus que ça. J'ai toujours eu soif de plus que ce que la vie me montre. Je suis de ceux qui veulent tout savourer, sans regret. Je ne veux pas vivre ma mort en pensant que j'aurais pu mieux aimer. A cet instant-là, je me dirais qu'il n'y a pas grande différence entre ces mannequins et moi. Finalement, même s'il y avait eu une probabilité de 0.01% d'avoir la relation idéale, j'aurais aimé tenter. Qui sait, peut-être que demain aurait été meilleur ? Mais je ne le saurais alors jamais, malheureusement. Quand j'écoute mes camarades, ça revient tellement souvent. « Lui-même, si c'est pas moi je planifie des trucs, il va jamais rien faire. » « Go-là ? Si c'est pas pour aller dans restaurant ou bien fête, ya rien, aucune conversation. » On dirait que nous sommes aveuglés par le fatalisme d'une relation nécessairement toxique ou ennuyeuse. Je sais que quelque décennies plus tôt, ce type de philosophie s'apparentait à une fadaise, un luxe que seuls ceux qui ne craignaient pas pour le pain sur la table, pouvaient avoir. Mais aujourd'hui, dans un monde de possibilités infinies, pourquoi ne pas se donner une chance pour une vie plus palpitante ? Je crois que c'est ce que cette femme a tenté de faire, maladroitement. Quelque part, j'admire qu'elle ait osé se dresser contre cette vie. La vie se conquiert, elle ne s'attend pas. Les gars, la vie est dure ; si on doit venir encore pour vivre une relation on dirait on te sert équation différentielle du 3ème ordre chaque matin, ça ne va pas le faire. Que retenir ? Quelque part, je retiens que n'importe qui peut se détourner de son premier amour, s'il n'est pas épanoui. — surtout au lit (rires). Quelque part, je pense aussi que nous sommes notre premier amour. Demeurer dans une relation qui ne nous convient pas, c'est aussi s'en détourner. De ce fait, j'écoute toujours les conseils « avisés » mais d'une seule oreille. Car je crois qu'au fond, chacun d'entre vous mérite de se réveiller chaque matin avec une relation qui exalte tous ses sens. Alors, pourquoi pas vous ? -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 💡 Pour en savoir plus sur notre concept 💁🏽‍♀️ Pour nous contacter ou s'abonner

  • Une si longue lettre - 02

    Ceci est une œuvre adaptée de faits réels que j'ai voulu la plus crue et la plus réaliste possible. Si vous n'avez pas lu la première partie, vous pouvez la retrouver ici . Si vous avez aimé, laissez un petit like (cœur) en fin de lettre. Bonne lecture. « Un jour, en rentrant du boulot, j'ai reçu un appel inattendu. Maman étant malade. Elle n'allait pas bien, du tout. Elle avait fait un AVC après que mon père lui ait demandé de prendre part aux obsèques de la femme qui était sa maîtresse depuis plusieurs années. Quand elle a refusé, il l'a tabassée jusqu'à ce qu'elle baigne dans une mare de sang. Apparemment, il disait qu'elle était une femme indigne, sans cœur, de ne pas compatir à la douleur d'une femme aussi vertueuse que sa maîtresse. Une voisine qui la connaissait bien a entendu les cris, tirant son mari pour intervenir. Elle ne réagissait plus. Le bilan médical fut lourd : un traumatisme crânien avait rompu un vaisseau sanguin dans le cerveau de maman, ce qui avait causé un AVC. A l'annonce de l'état de ma mère, j'étais partagée entre la peur, les larmes et une certaine forme d'indifférence. Il y avait cette voix qui me disait : "ça y est. Il aura finalement atteint son objectif." J'ai traversé 50 km pour m'y rendre, en plein milieu de la nuit, seule dans un taxi. J'avais la peur au ventre, les agressions se dénombraient par milliers chaque semaine dans la zone. Mais peu importait. J'avais une sensation gênante ; il fallait que je m'y rende maintenant. Une fois arrivée, le médecin m'annonça la nouvelle sur le bout des lèvres. J'essayai de contacter mon frère. Comme d'habitude, c'était le répondeur. En réalité, la voisine m'a contactée parce que je suis la seule à m'occuper encore de ma mère. Dès qu'il en avait eu l'occasion, mon frère a refait sa vie ailleurs et pour l'avoir au téléphone, il fallait se lever tôt...Je crois qu'il n'a jamais pardonné à mon père de l'avoir torturé de coups, d'injures, à la maison comme en public. Il en voulait aussi à maman d'avoir toujours abdiqué face à lui. Apparemment, avant ma naîssance, elle avait eu plusieurs occasions de quitter tout ça mais elle a toujours refusé, clamant la traditionnelle litanie de : "Mais si, lui, je le quitte, qui va accepter de me prendre encore ? Ya déjà enfant, je n'ai pas bon travail pour dire je vais m'occuper seul de lui. Je vais faire comment ?". A chaque fois que mon père voulait lui porter main, mon frère s'interposait, tentant de la protéger mais étrangement, c'était elle-même qui lui criait dessus, l'humiliant presque, en lui demandant d'obéir simplement à papa. C'était comme un syndrome de Stockholm. Je pense qu'il a développé une rancœur qu'il avait du mal à admettre. C'était une trahison qui n'avait pas de nom. En effet, comment qualifier ce geste ? Comment une mère pouvait-elle se résigner devant son époux au point de trahir la dignité qu'elle doit à son enfant ? Quelle peur pouvait être si grande qu'on préfère sacrifier l'honneur qu'on doit à ses enfants ? A ce jour, il ne nous adresse plus la parole et elle en pleure toutes les nuits. En réalité, ce n'était pas que ma mère aimait trop mon père pour partir mais plutôt que la peur de l'Inconnu était plus forte que tout. Partir, c'était devoir tout reprendre à zéro, devoir retourner sur un marché du célibat dont on ne maîtrise plus les règles après toutes ces années. C'était affronter le regard des gens sur sa vie de mère célibataire, après avoir été brisée mentalement par des années de violence. C'était devoir ramasser les restes de son Être et risquer de se faire attaquer à nouveau par un ennemi dont on ne connaît pas les méthodes. Généralement, les victimes de maltraitance restent parce qu'elles ont peur de vivre un autre traumatisme auquel elles ne sentent plus capables mentalement de pouvoir faire face. Elles abandonnent leur humanité entre les mains de l'agresseur qui est le seul repère qu'elles connaissent. En y pensant, elle l'avait bien aimé un jour. D'ailleurs, je m'en étonne toujours. Papa était un pervers narcissique et le propre de ce type de personnes est de n'accepter aucune contradiction. Il ne considère personne autour de lui comme un Être méritant de la considération. C'est le genre de personnes qui feindra les apparences devant la masse pour être adulé, exalté. Mais qui, à huis clos, ne fera jamais de cadeau à ceux qui lui sont le plus proches, les considérant comme une simple continuité de son propre Corps, de son propre Esprit. Ainsi, aucune opposition possible ou admissible car un même Esprit ne peut s'opposer à sa même volonté. De ce fait, pour un pervers narcissique, accepter la défiance d'un enfant, aussi minime soit-elle que de préférer prendre les pains au chocolat plutôt que les croissants qu'il a choisis, sont un illogisme qu'il faut mettre à mort sur la place publique. Pour un parent narcissique, vous n'êtes rien d'autre qu'un cadavre ambulant qu'il aura bien souhaité vêtir et éduquer pour lui donner un semblant de dignité. Et lorsqu'il vous fera croire un instant qu'il s'intéresse à vous, attendez deux secondes. Vous aurez mal vu. Vous lui devez tout et vous ne refusez rien. Je pense que pour mon père, mes frères étaient un peu la matérialisation de lui-même en une version qui pouvait s'opposer à sa volonté et il ne l'acceptait pas. Dans ce contexte, mon second frère s'était enfui de la maison. J'entendais dire que des gens l'avaient aperçu dans la ville, qu'il errait parfois, une seringue pendant au bras, le regard hagard et vide. La dernière fois que je l'ai vu, c'était après avoir aperçu un attroupement en rentrant des cours. Quand je me suis approchée, j'ai vu un corps, à découvert, ensanglanté, défiguré par un poids lourd qui lui était passé dessus. On aurait dit qu'on l'a passé dans une déchiqueteuse. Son crâne a été broyé, éclaté en particules sur le sol. C'était une scène effroyable. "Oui ! c'est les drogués-là je te dis ! Comment camion passe, toi tu viens traverser ? Voilà ça maintenant !" "Oui ! camion-là filait même ! La tantie qui vend gbofloto même voulait tirer son bras pae elle avait vu qu'il était un peu toc toc. Mais tchai, c'était fini." La scène m'avait bousculée intérieurement. Je refusais de croire la scène filmée par un des badauds. C'était mon frère. Devant les yeux ahuris de la foule et des mamans qui me criaient de revenir, je me suis approchée. Mes ballerines laissaient des pas dans la flaque de sang. L'odeur était insoutenable et des morceaux de chair se collaient à ma chaussure, mais moi je ne voyais pas tout ça. Mon cerveau essayait de reconstituer le visage que je connaissais parmi les bouts de peau. Chers lecteurs, la vie ne m'a jamais paru aussi brutale. Je voulais crier, hurler mais aucun son ne sortait. C'était celui qui m'avait portée sur les photos de famille, celui qui était mon seul compagnon de jeu car je n'avais pas d'amis. C'était le plus doux d'entre nous qui n'a pas pu supporter la violence des coups de mon père. Dieu, était-ce un crime pour lui de s'enfuir ? Ce jour-là, papa l'avait tellement frappé qu'il saignait. Ses notes ne lui permettaient pas de faire la Première C ; mon père ne l'a pas supporté. Lorsqu'il a soulevé la marmite avec de l'eau chaude au feu, il a compris qu'il devait sauver sa vie. Maman a supplié papa de le laisser et c'est elle qui a reçu l'eau chaude à la jambe. Il s'en est suivi un mois d'hospitalisation. Dans la rue, peut-être qu'il n'avait plus d'espoir ? Peut-être qu'il aurait aimé que nous soyons là pour l'aider ? On l'a cherché partout. Je me cachais parfois pour aller sillonner la ville avec une soupière thermos contenant de la nourriture. Depuis combien de jours n'avait-il pas mangé ? Je partais avec les espoirs de maman. Elle profitait des occasions de marché pour le chercher, en vain, mais avec ses soucis d'arthrose, elle avait une mobilité très réduite. Vous connaissez ce sentiment où vous êtes tellement dépassé par ce qui vous arrive que vous n'avez plus de mots ? Vous sentez votre gorge se nouer, votre cœur se serre et tout devient comme flou. Je n'avais plus la rage de vivre, plutôt la rage d'une vie qui semblait me montrer toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Mon cerveau voyait rouge. Il était parti et jusque dans la tombe, il n'aura eu aucun répit. J'ai tellement pleuré que les passants se sont mis à plusieurs pour me tirer de la scène. Je me débattais. Epuisée, je me suis glissée dans la foule et je suis partie. Je fuyais ; il n'avait aucune pièce d'identité, je ne voulais être celle qui l'identifierait. Je n'avais pas le courage d'admettre sa mort de manière aussi crue. Et il avait trop souffert pour devoir garder ce nom de famille jusque dans la tombe. S'ils contactaient les parents, que se passerait-il ? Maman ne l'aurait pas supporté. Papa l'avait déjà renié et le connaissant, il ne lèverait pas le petit doigt pour ses funérailles. Au fond, je ne voulais pas me risquer à le lui demander et salir la mémoire de mon frère avec son mépris indécent. Jusqu'à quel point l'orgueil d'un homme pouvait-il détruire la vie de ses propres enfants ? Détrompez-vous, le lien de sang ne fait pas toujours tout. Les cœurs durs ont souvent bien trop peu à offrir. Je devais rentrer mais je n'avais plus la force de marcher. Je me suis assise à mon banc habituel et j'ai pleuré. Ils ne devaient rien savoir. J'ai changé mes vêtements tachés de sang avec une tenue de rechange dans mon sac. Je suis rentrée, j'ai sacrifié à la tradition de la comédie habituelle et je suis allée me coucher. Dans mon lit, je me demandais encore jusqu'à quand je pourrais tenir dans cette maison avant d'imploser. J'avais des douleurs au cœur et du mal à respirer. Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. La mort n'est pas toujours celle que les cliniciens nous présente. La mort, c'est aussi lorsque l'on cesse d'Être. Quand on y pense, il n'y a pas grande différence entre un cadavre et celui qui renonce à la vie : les deux n'ont plus la force de se mouvoir par eux-mêmes et se laissent balloter jusque dans la tombe. Elle était morte bien avant ce jour. Elle avait fait son choix. Le bon ou le mauvais ? Certes, il n'y a que des décisions et des conséquences mais je crois qu'au vu des priorités qu'on se fixe, on peut aisément en juger soi-même. Aujourd'hui, je regrette des morts que j'aurais aimé voir vivre . Je regarde ma petite sœur d'à peine un an sans trop savoir quoi lui dire. Que maman est morte ? Parce que papa l'a tuée ? Je me suis faufilée à la maison et je l'ai prise avec moi. Je ne voulais pas d'un autre cadavre. Le responsable, lui court toujours, avili par la rancœur d'être abandonné. J'étais dans l'avion quand il m'a appelée, me menaçant de la ramener. Il me disait qu'il me retrouverait où que je sois, qu'il avait des contacts partout. Je le savais aussi, il était militaire avec un carnet d'adresses bien fourni à l'international. Mais j'avais l'impression qu'il n'aurait pas trop le temps pour ça. Sa voix continuait de résonner dans le haut-parleur. J'ai regardé les petits yeux de ma sœur. Nous devions nous aussi faire des choix. Et son sourire me donnait la conviction que j'avais fait le bon. Il était temps que l'on vive, nous aussi. A ma place, qu'auriez-vous fait ? » Fiction inspirée de faits réels. 💡 Pour en savoir plus sur notre concept 💁🏽‍♀️ Pour nous contacter ou s'abonner

  • Une si longue lettre - 01

    « Si tu es une femme ou une jeune fille, j'ai une histoire à te raconter. Cette lettre est un témoignage de vie. J'ai grandi dans un foyer compliqué. Pour faire court, mon père n'aimait pas ma mère. Il s'énervait et criait à chaque occasion où il devait sortir ou s'afficher avec elle. Je crois qu'il avait honte d'elle, de ce qu'il considérait comme son bas niveau d'études, de sa bonne foi qu'il prenait pour de la naïveté et de ce corps flasque et tassé qu'il avait déformé par 6 grossesses. Elle a eu deux fausses couches qu'elle a dû traverser seule ; il ne la regardait pas comme un être humain qui pouvait souffrir, il ne se souciait pas de sa souffrance. Elle était seule face à tous ses déboires professionnels, familiaux, etc. Quand l'argent du marché manquait, c'est elle qui complétait avec ses économies de coiffeuse. Malgré ses supplications, il refusait de faire le mariage religieux. Ainsi, elle ne pouvait donc pas communier comme les autres chrétiens et vivre sa foi. Même la dot était un "cadeau" qu'il lui a fait, non sans insulter ouvertement ses parents. Elle n'a jamais eu droit à la robe blanche dont rêve chaque petite fille et le mariage civil aurait facilement pu passer pour un enterrement à 4. Quand on lui parlait du mariage de certaines cousines, je la voyais regarder dans le vide comme pour tenter de rattraper ce rêve avorté, par la pensée. D'aussi longtemps que je me souvienne, maman était toujours triste. Elle ne prenait plus soin d'elle. Elle cachait ses larmes derrière un petit sourire forcé pour ne pas nous inquiéter. Je ne la voyais pas acheter des habits ou se maquiller comme les autres femmes que je voyais à l'école ou dans les supermarchés. Petite, je me demandais innocemment : Est-ce que ma maman est normale ? Pourquoi elle n'est pas comme les autres ? Pourquoi elle ne se rend pas jolie pour que je lui dise aussi qu'elle est jolie ? Les autres petites filles que je vois dans les vidéos sur Facebook font ça pour leurs mamans. J'aimerais bien aussi. Je n'ai jamais aimé préparer. D'ailleurs, je ne l'ai appris qu'à l'université. Vous êtes choqué ? Certains sont déjà en train de dire que je suis une mauvaise femme, que "femme ça là, je peux jamais épouser". Et je comprends votre réaction. J'en ai moi-même eu honte pendant longtemps. Mais quand je voyais la tristesse de ma mère dans la cuisine, je n'arrivais pas à y entrer. Je regardais son visage, je voyais la douleur et j'avais mal. La douleur me lacérait tellement le cœur que j'avais l'impression que j'allais m'évanouir. Le sentiment d'injustice me donnait mal au cœur. Je voyais mon père qui rentrait, qui lui criait dessus "Pourquoi le repas n'est pas prêt ?! Tu fous quoi à la maison ?", je le voyais lui tirer les cheveux de colère. J'avais mal et j'avais peur. Je courais me cacher. Lorsque je tentais de rentrer dans la cuisine mon père me criait dessus, m'ordonnant d'aller étudier mes leçons pour ne pas devenir comme elle. Que c'était pour ça qu'il se tuait chaque jour au travail et rien d'autre. Je n'avais ni le droit de sortir, ni d'avoir des amis, de jouer avec d'autres enfants. Je devais uniquement étudier. Je devais me cacher pour l'aider de temps en temps, guettant la boule au ventre, le tintement des clés de voiture de papa. Je suis lâche, n'est-ce pas ? On dit souvent que c'est aux parents de protéger les enfants mais que faire quand tu es un enfant qui constates qu'il est le seul être lucide, un tant soit peu stable mentalement ? L'enfant que j'étais n'a jamais pu aider ma maman comme je l'aurais voulu et j'en culpabilisais. La culpabilité était devenue presqu'une tâche indélébile en moi. Je grandissais en me sentant inutile et mal. Je développais un complexe d'infériorité face aux autres filles jolies, bien apprêtées. Même quand des garçons au lycée me disaient que j'étais belle, je ne le croyais jamais. Je me disais qu'ils étaient fous ou qu'ils avaient besoin de lunettes parce que maman criait plutôt que j'avais besoin d'un régime et qu'elle ne voulait pas que je finisse en surpoids et laide comme elle. Et quand je les regardais, je voyais le visage de mon père et de sa ceinture. J'étais au bord des larmes. Rien n'allait même si mes notes ne le laissait pas transparaître. Aujourd'hui, j'ai 25 ans mais je me rappelle encore la peur qui grandissait dans mon ventre à chaque fois que je devais rentrer de l'internat. Je me rappelle quand je pleurais 1h sur un banc avant de trouver le courage de franchir le seuil de la maison. Je me rappelle le désespoir que je ressentais en sachant que personne, personne n'allait jamais venir à mon aide. Vous connaissez le désespoir d'un enfant qui se dit qu'il est seul au monde ? Vous connaissez cette anxiété quand tu es enfant et que tu as peur de tout le monde et tout ce qui est autour de toi ? Quand tu regardes les adultes mais qu'aucun d'eux n'accorde d'importance à ta souffrance ? Je me souviens de chaque larme que j'ai versée. Et je continue d'en verser, la nuit. Je me réveille dans mon sommeil en tremblant et en criant. Je me rappelle ces camarades d'université qui disaient être mes amies mais au fond se moquaient toujours de moi, me disant à longueur de journée que elles, elles savaient bien préparer, bien s'habiller, bien tenir un foyer, etc. Je me souviens ce jour où l'une d'entre elles m'a ri au nez me demandant si j'allais sérieusement porter les vêtements que je lui ai montrés. Une autre riait avec un autre groupe de camarades de classe quand on a choisi ouvertement de ne pas mettre ma photo sur une affiche pour la promotion de la classe — apparemment il y en avait tellement mieux comme la sienne que la mienne banale aurait fait un peu tache. Il y avait celle-là aussi qui me disait que j'étais ennuyeuse car la vraie vie, c'est de se faire belle et sortir un peu. J'avais mal car la raison pour laquelle je ne sortais pas était que je ne savais pas me maquiller et que je n'avais de vêtements assez beaux selon moi. J'aurais aimé avoir ma maman pour me guider dans ces étapes. J'avais l'impression d'être orpheline. Elle le faisait peut-être étant jeune mais je n'osais même pas lui poser la question pour ne pas la froisser. Je la sentais tellement fragile. Je préférais tuer mes attentes personnelles plutôt que de la blesser davantage. En vrai, leurs remarques me faisaient mal parce que je me disais que si elles avaient vécu ce que j'avais vécu, elles ne me parleraient peut-être pas avec autant de dédain. Je demandais à Dieu pourquoi je n'avais pas eu la grâce de grandir normalement comme d'autres jeunes filles. J'accusai le coup. J'ai compris finalement que les femmes aimaient être dans la rivalité devant les hommes. Moi, je ne cherchais pas à être la meilleure épouse ou la meilleure femme. Je voulais simplement me donner une chance de refaire les choses bien dans ma vie. Avec du recul, je dirais que les femmes gagneraient à s'entraider davantage et à être plus bienveillantes les unes envers les autres. Chacun apprend à son rythme et selon son stade émotionnel. Si vous avez une amie qui ne sait pas certaines choses importantes pour une femme, échangez avec elle avec bienveillance et compréhension. Peut-être faudrait-il créer des occasions discrètes pour l'aider à apprendre, sans juger ? Je crois que c'est ce que j'aurais aimé avoir : des personnes qui m'aident et qui croient en mon potentiel sans me juger. Des filles qui m'aident à me faire sentir aussi ma féminité. Je leur pardonne car je sais qu'elles ne savaient pas ce qu'elles faisaient. Mais si, en plus de certains hommes qui nous font parfois du mal, nous ne sommes pas capables de nous entraider, je me dis qu'être une femme devient un bien triste fardeau. Je me rappelle ce jour-là où cette femme est arrivée dans notre salon, criant que papa avait violé sa fille. Quand on l'a regardé, il n'a rien dit et a commencé à la prendre à part pour discuter hors de notre portée. Je pense qu'il essayait de trouver un arrangement. Je me suis demandée ce jour-là si le sol allait se dérober sous mes pieds, si j'allais me réveiller de ce cauchemar. Je ne pensais pas que je pouvais être plus déçue de mon père que je ne l'étais déjà. La femme a finalement accepté et est partie sur une promesse de 200.000 FCFA. Aujourd'hui, j'aurais aimé dire que tout a changé dans ma vie mais non. Je me fais suivre par un psychologue et un psychiatre après avoir rechuté dans une dépression sévère. La douleur a créé des pertes de mémoire et des maux de tête persistants qui m'empêchent de travailler convenablement. Je n'arrive pas à évoluer professionnellement et relationnellement en raison de mes crises d'angoisse. Des choses aussi simples que conduire me demandent énormément d'efforts de concentration. Mais je continue de me battre pour qu'un jour, si j'ai des enfants, ils soient fiers de moi. Je partage ce premier pan de mon histoire pour dire à d'autres femmes que vous avez le droit de vous donner une seconde chance à la vie. Ce message pourrait s'appliquer à tout le monde, c'est vrai mais je pense plus particulièrement aux femmes qui souffrent tellement souvent de mauvais rapports père-fille, avec des pères absents ou toxiques qui découlent aussi sur des mères tellement fragiles qu'elles ne peuvent les guider dans la vie. Dans notre société, l'importance qu'on accorde aux femmes est souvent liée aux rôles de mère et d'épouse qu'elle doit jouer. Mais si on considère ces rôles si importants, pourquoi ne pas accorder une importance équivalente à leur éducation et à leur valorisation ? Pourquoi les femmes elles-mêmes choisissent d'être avec des hommes qui détruisent leur vie au risque de détruire celles de leur filles et leurs générations futures ? Pourquoi ne pas assumer sa vie adulte et prendre les décisions qu'il faut aussi radicales soient-elles pour privilégier la vie que l'enfant n'a même jamais demandée ? Je refuse de croire que c'est parce qu'on n'a pas le choix. Je crois qu'on a toujours le choix, même de ne pas choisir. J'aime mes parents car en dépit de tout, ils ont fait de moi ce que je suis. Néanmoins, je garde à l'esprit qu'on ne choisit pas un partenaire uniquement par amour. La priorité doit être les enfants à venir. J'ai peur de cette société où les parents sont devenus tellement froids  dans la protection des enfants. Soyez responsables. Encadrez convenablement vos enfants pour qu'ils n'aient pas à se dire un jour : "Aujourd'hui mes parents sont morts. Mais ce monstre qu'ils ont créé en moi, lui, ne mourra jamais." » Fiction adaptée de faits réels. --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 💡 Pour en savoir plus sur notre concept 💁🏽‍♀️ Pour nous contacter ou s'abonner

  • Haunted .

    « "Et puis tu sais, l'autre jour, il a carrément dit ça ! J'étais cho-quée..." Je ne saisis plus la fin de la phrase, l'esprit ailleurs. Je les regarde en dodelinant de la tête, acquiesçant à des avis dont je n'ai aucune idée. Je les entends parler d'une voix forte et enjouée, me demandant d'où elles peuvent bien tirer cette énergie. Elles sourient, rient aux éclats, répètent les mimiques de leurs personnages du moment. A quelques regards évasifs à mon endroit, je joins un sourire rapide, espérant que la nuit s'écoule vite. Sur le chemin du retour, les enseignes lumineuses se succèdent comme de fins traits incandescents dans la nuit profonde qui m'accueillait. J'ai un rituel assez particulier, un peu indépendant de ma volonté. Dans la salle d'eau, je cherche la dernière boîte de cachets qu'on m'a prescrite. Mes doigts tremblent légèrement alors que je les fais glisser sur le plastique froid. Au fond, je les enviais d'être si insouciantes de la vie. Je n'arrivais plus à la percevoir de cette manière. Dans leurs regards, il n'y avait aucune frayeur du lendemain, aucune crainte d'un passé qui refasse surface. On aurait dit que la vie leur était acquise. Leurs nuits ne risquaient pas d'être entrecoupées de réveils intempestifs aux sueurs froides et persistantes, bravant même la climatisation la plus basse. Leur vie n'était peut-être pas parfaite mais elle en avait bien l'air. J’ouvre la boîte, faisant rouler un cachet entre mon pouce et mon index. Deux ans plus tôt, il m'arrivait d'en prendre souvent deux, trois, voire toute la plaquette. Pourquoi ? J'en avais besoin. Une gorgée d’eau, un cachet, un instant de répit. C’est le rituel. C’est ce qui me maintient. Je relève les yeux vers le miroir en face. Mon drap se reflète dans le miroir — je crois y voir du sang. Et l’odeur frappe. Ce n'est qu'une odeur mais à elle seule, elle éveille tous mes sens. Je la reconnaîtrais entre mille. Etouffante, persistante, insidieuse. Une odeur de cigarette froide. Stagnante. Collante. Celle qui s’imprègne aux murs, aux draps et suscite mes pires réminiscences. Celle qui, même après des années, ne disparaît jamais vraiment. Mes poumons se crispent. Non, ce n’est pas possible. J’habite seule. Il ne peut pas être là. Mon regard descend vers le lavabo. Juste en dessous du robinet, une traînée de cendres. Noire. Fraîche. Non. Je recule brusquement, mon dos heurte le mur carrelé. Mon cœur cogne. Mon souffle s’effiloche. Je suis seule. J’ai verrouillé la porte en rentrant. Je le sais. Je l’ai fait. Comme chaque soir. Alors pourquoi… Pourquoi je sens sa présence ? Pourquoi cette odeur persistante, lourde, épaisse, comme si elle venait tout juste d’être exhalée à quelques centimètres de mon cou ? Je ferme les yeux. Juste une seconde. Et quand je les rouvre, j'aperçois une silhouette floue. Il s'approche. Je transpire et mes muscles se crispent car je crains le pire. Une ombre dans le reflet du miroir. Puis une silhouette. Puis un homme. Il  est bien là. Je ferme instinctivement les yeux. Je ne veux pas le voir. Et pourtant, ses doigts sont déjà autour de ma gorge. J'étouffe, je n'arrive plus à réfléchir, mon corps refuse de bouger comme à chaque fois. Il est tétanisé et je pleure, impuissante. Crier ? Qui m'entendrait ? Et s'il me tue ensuite ? Je le sens, son souffle rance, son ricanement rauque qui s’enfonce dans mes tympans. Je me revois dans cette chambre ; en dépit des années, je ne l'ai pas quittée. Je suis encore là, allongée sur ce matelas miteux, la joue écrasée contre le drap rêche, les larmes coulant sans un bruit. Je suis encore là. J’étais pourtant sortie, non ? Je suis partie. J’ai grandi. J’ai mis de la distance. Alors pourquoi ? Pourquoi il est encore là ? Mon souffle s’emballe et tout s'enchaîne. Tout va trop vite. Je sens le sang couler entre mes jambes. Je fixe le plafond jauni de la vieille chambre pour ne pas le voir. A travers la brume épaisse de cigarette, la porte entrouverte montre une silhouette féminine au téléphone, en train d'organiser "la suite" de l'après-midi. Satisfaite, elle finit par m'observer sans bouger. Maman. Maman qui regarde et ne dit rien. Maman qui referme la porte. Maman qui m’a vendue. Une nausée violente me soulève l’estomac. L’air me manque. Mon cœur menace d’exploser. Je vais mourir. Non. Pas encore. Tout devient noir et je sens le sol dur derrière ma tête. Je me réveille dans un sursaut de survie. Mes doigts agrippent le bord du lavabo et je me penche en avant, inspirant brutalement. Mes poumons crient sous l’assaut d’un oxygène qui me semble coupant comme du verre. Il est parti. Du moins, il n’a jamais été là. On croit généralement qu'il faut une cause logique, tangible pour provoquer en nous la peur. Nous croyons à tort qu'il faut que l'objet de notre peur soit présent, en pleine action, pour craindre le pire. Mais au contraire, il suffit d'un détail, d'un son, d'une odeur pour perdre pied. Vous savez ce qu'il y a de plus dur avec un traumatisme ? Vous ressentez la douleur dans votre chair comme au premier jour. Chaque geste, chaque regard vous revient avec des soubresauts d'un corps qui tente encore instinctivement d'y échapper. Vous revoyez votre agresseur venir à vous, comme pour en finir une bonne fois pour toutes. La peur remonte dans votre ventre, le sentiment d'impuissance renaît et vous vous débattez contre un ennemi qui ne meurt jamais mais qui devient simplement invisible. On dit que la santé n'a pas de prix. Moi, c'est pour la paix du cœur que j'aurais tué. Ce même schéma se répète presque tous les soirs. Ces fantômes m'avaient laissé deux ans de répit, deux ans de bravoure face à la vie que j'ai célébrées avec faste, comme ces petites victoires dont on doit être fiers. Quel contraste. Aujourd'hui, il a suffi d'une cigarette pour faire valser ma tête. Je tremble, j'essaie de me calmer. Je suis seule. Je suis seule. Mais la chambre existe toujours. L’odeur de cigarette aussi. Pourtant, je ne fume même pas. Était-ce dans ma tête ? ----------------------------------------------------------------------------------------------------- Si vous avez aimé, merci de laisser un cœur et de commenter ! Vous pouvez également vous abonner pour ne plus rien manquer !

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